Peu à peu, j'avance. Encore et toujours, toujours et encore... poussé malgré moi vers une compréhension du monde qui me laisse (trop souvent?) dans un état (in)consciemment critique.
Je réalise que mon espèce, celle-là même à qui je m'identifie et qui se veut mon modèle, progresse dans un confort trop bien établi. Ma prétendue liberté est brimée à l'avance par des paramètres sociaux qui se veulent le moule de mon existence. En autres mots, l'environnement qu'on me propose d'emblée est plutôt prédéfini par des normes sociales qui ne font que nourrir la pérennité de mon type de citoyennneté.
On veut que je consomme, quitte à emprunter pour le faire, au nom de la survie de la société de consommation qui chapeaute mes actions quotidiennes. L'Économie sert de guide spirituel, en remplacement des dogmes précédents, que l'on a rejetés au nom de l'accès à la liberté individuelle. Les repères sociaux qui ont guidé les générations qui m'ont précédées se sont évaporés en son nom. On va même jusqu'à exploiter mon environnement le plus intime en y parsemant des images ou des mots choisis spécifiquement pour s'adresser à mes pulsions les plus profondes; non sans les avoir étudiées en fonction de ma (soit disant) classe sociale d'appartenance.
Je suis une statistique que l'on cherche à exploiter au maximum, dans le seul et unique but d'en générer une autre, plus grandiose encore aux yeux des décideurs (profiteurs?), celle-là même qui justifie toutes les actions de l'économie de marché dans laquelle j'évolue. On scrute à la loupe mon indice de confiance, afin de définir les stratégies qui le conserveront au niveau le plus viable (c'est-à-dire: le plus élevé, sans contredit).
En bref, j'évolue selon une définition déjà établie de moi-même. Et si c'est dans la marginalité que je pense le faire alors ce ne sera qu'au travers une des sous-catégories déjà bien étudiées que mes actions - en apparence uniques - se verront sitôt exploitées.
Alleluia!
Alors, en tant qu'être vivant revendiquant l'unicité, par nature et rien d'autre... que me reste-t-il?
C'est la quête de la réponse à cette grande question qui est, en grande partie, l'essence de ma vie.
À suivre...